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La djihadiste Emilie König fait l’objet d’une plainte pour des maltraitances évoquées par ses enfants

Le conseil départemental du Morbihan, tuteur des trois enfants de la djihadiste Emilie König, incarcérée en France, a porté plainte contre cette dernière pour des violences psychologiques et physiques que ses enfants disent avoir subies, a-t-on appris mardi auprès de l’avocat du département.
Les enfants ont notamment été « témoins sur place d’atrocités », telles des scènes de décapitation ou d’égorgement, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) Me Jean-Guillaume Le Mintier, confirmant une information du quotidien Le Parisien. Selon l’avocat, l’aîné a « confié à son assistante sociale que sa mère lui a[vait] appris à couper des têtes et [à] lancer des grenades ». La plainte est en cours de traitement, a confirmé le Parquet national antiterroriste (PNAT).
Emilie König, âgée de 39 ans et désormais incarcérée à Rennes, était partie pour la Syrie en 2012. Elle est accusée d’avoir joué le rôle de recruteuse pour l’organisation Etat islamique (EI). Capturée par les forces kurdes en 2017, cette fille de gendarme originaire de Lorient avait été rapatriée en France en juillet 2022 et mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Ses trois enfants, un garçon aujourd’hui âgé de 9 ans et des jumelles âgées de 7 ans, sont nés en Syrie. Ils ont été rapatriés de la zone de guerre irako-syrienne en janvier 2021 et placés sous la tutelle du département du Morbihan.
« Dès leur arrivée sur le territoire français, les enfants ont livré des éléments sur leur histoire traumatique » aux spécialistes qui les prenaient en charge, selon la plainte, transmise le 19 septembre au PNAT, que l’AFP a pu consulter. « A leur arrivée en France, les enfants pensaient que les couteaux ne servaient qu’à couper des têtes » et « racontent avoir vu des égorgements à la télé », peut-on y lire. « Les services éducatifs ont constaté que les enfants ont développé d’importants troubles. »
Le conseil départemental du Morbihan avait, dès le mois de mai 2023, fait un signalement à la justice au sujet des « violences physiques et psychologiques » infligées par leur mère ainsi que des « scènes d’effroi » auxquelles ils auraient assisté.
« On considère que la réparation et la reconstruction de ces enfants passent inéluctablement par la reconnaissance de leur statut de victimes », insiste Me Le Mintier. Dans le cas contraire, « le risque, c’est la banalisation de ce qu’ils ont vu. En poursuivant leur mère au titre des atrocités dont ils ont été témoins, ils vont intégrer ce qu’on appelle “les normes sociales”, en somme faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal », explique-t-il.
« Ce qui serait affirmé » par les enfants « ne correspond en rien à l’état du dossier » sur lequel des juges d’instruction enquêtent, et ces derniers n’ont pas fait, jusqu’à maintenant, « de reproche sur ce point » à l’accusée, a assuré l’avocat d’Emilie König, Emmanuel Daoud. « Je ne sais pas dans quelles conditions la parole des enfants a été recueillie. Depuis le départ, Mme König s’est vraiment battue pour protéger ses enfants, pour qu’ils soient en bonne santé physique et psychologique. C’est l’incarnation de la mère courage », a-t-il insisté.

Le Monde avec AFP
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